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L'écolo z'enfants
16 mai 2021

Être ou avoir

Bonjour à tous,

Aujourd'hui je voudrais vous partager une vidéo réalisée et publiée par Vincent de la chaîne Youtube La chaîne santé et qui parle de la différence vécue par les enfants et de la manière dont nous, les adultes, pouvons aider un enfant différent (quelle que soit la différence) à grandir sans que cette différence soit vécue comme une souffrance. Travaillant dans une école alternative fréquentée par une grosse proportion d'enfants différents, je trouve ce sujet particulièrement pertinent. C'est pourquoi je voulais partager cette vidéo avec vous. 

Pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas le temps, ou qui auraient la flemme de regarder, je vous fais un petit résumé des 4 points qu'il aborde :

1. Toujours rappeler à votre enfant que l'aimez, que vous êtes son allié et que tous les choix que vous faites pour lui sont faits dans son intérêt.

2. Ne pas trop rappeler sa différence, ni à lui, ni à ceux qui l'entourent, pour ne pas le stigmatiser ni excuser exagérément ses comportements inadaptés.

3. Donner à l'enfant des repères sur le fonctionnement du monde pour lui éviter de souffrir inutilement.

4. Ne pas projeter ses désirs sur son enfant (celui-là, je tiens à le souligner, car je vois tous les jours dans ma pratique à l'école à quel point c'est délétère)

A ces 4 conseils, j'ai envie d'en ajouter un cinquième, qui me parait très important, et c'est l'objet de ce billet : veiller à utiliser le verbe "avoir" au lieu du verbe "être" lorsqu'on évoque la différence de son enfant (ou de soi-même). Dire "mon enfant est différent" et dire "mon enfant a une différence" ce n'est pas tout à fait la même chose. Lorsqu'on dit qu'il est différent, on dit en substance que la différence est ce qui le constitue, ce qui le définit. On induit l'idée que cette différence ne peut pas être dépassée puisqu'elle est constitutive de son être. Et on l'encourage à confirmer cette différence par son attitude. Lorsqu'on dit qu'il a une différence, on opère une séparation entre la personne qu'est l'enfant et la différence qu'il vit. La différence reste quelque chose qui est extérieure à l'enfant et sur laquelle on peut travailler.

Dans le langage courant on a tendance à utiliser le verbe être à toutes les sauces. "Je suis enseignante", "je suis gros", "je suis marié", "je suis surdouée"... Qu'arrive-t-il alors si je perds mon emploi ? Si je perds du poids ? Si mon mari me quitte ? Si j'échoue à un examen ? Il est assez fréquent que des personnes exposées à ce type d'événement se retrouvent en détresse psychologique et ce n'est pas uniquement parce que ça les mets dans une situation difficile. C'est aussi parce que l'identification à ces caractéristiques sont parfois tellement fortes que leur perte est vécu comme la perte d'une partie d'eux-mêmes. Alors que si l'enseignement, le surpoids, le mariage, la douance, ou toute autre caractéristique est vécu comme quelque chose que l'on a, ou quelque chose que l'on fait, et non comme ce que l'on est, alors le changement d'état n'entame pas l'image de soi. 

Par ailleurs, ces étiquettes auxquelles on s'identifie renvoient souvent en filigrane à un système de valeurs socialement construites. Dire "je suis enseignante" est plutôt valorisant tandis que dire "je suis gros" l'est nettement moins. Lorsqu'un parent présente son enfant à quelqu'un en lui disant "il est hyperactif" (par exemple), outre le fait de figer l'enfant dans son hyperactivité, cela l'expose au jugement et aux projections de l'interlocuteur. Et cela peut entacher l'estime qu'il a de lui-même puisque les différences dont nous parlons sont rarement perçues comme positives (ou bien tellement perçues comme positives qu'elles interdisent presque l'échec comme dans le cas de la douance). Alors qu'en parler en disant qu' "il a une hyperactivité" indique les particularités auxquelles lui et vous êtes confrontés au quotidien, sans entâcher son être du jugement qui va avec.

Et parce que vous méritez sûrement de vivre dans la bienveillance, je ne peux que vous encourager de faire cet effort aussi envers vous-mêmes. 

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  • Actuellement en première année de doctorat, je partage ici mes réflexions sur l'éducation, sur ma pratique de facilitatrice en école alternative, sur la parentalité positive... en vue d'élaborer une théorie de la non-éducation.
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